les proverbes, adages, en usage à Ghazaouet et dans les environs...
le 23/08/2003
Oralité et moralité
Kaoulou el aouline, ils ont dit les anciens… Koulna.....
(par Khaled SIDHOUM)
Pour faire vite et bien, les anciens avaient le don et la faculté d’imager les propos .C’est ainsi qu’ils produisaient des adages, dictons, maximes qui se vérifiaient au fil du temps . Ces dits étaient répétés et l’oralité a effectué le reste. Leur application dans le champ des situations rencontrées, le registre des actions où pouvaient s’exercer ces « koules », ces adages, s’est étendue au point que certains parents, grands-parents excellent encore dans l’art de trouver la maxime qu’il faut à la situation rencontrée.
Courts, imagés, forts , ces sentences proverbiales dites de différentes façons et convergeant vers le même sens sont riches chez certains, au point qu’elles coulent de source, comme des gouttes fraîches, au point d’en faire partie de l’éducation des enfants qui, à leur tour apprennent ces références jalousement gardées et surtout bien utilisées. Brèves, mettant en situation des personnages, des objets et des animaux, voire des plantes, ces « koule »-proverbes locaux sont d’une richesse inouïe. Propos très moralisateurs, ils ont frayé leur chemin dans le temps .
Même à l’ère d’Internet, ils sont encore , pour certains très actuels et pourraient même résumer parfaitement une situation, voire proposer la conduite à tenir, la solution, aider à la décision ou méditer longuement sur des comportements. L’expérience , le savoir-faire, savoir-être semblent être des vecteurs importants dans la rédaction, ou plutôt la conception et l’expression ô combien imagée de propos justes et convenables
Je suis sûr que chacun de vous, de nous, en possède une petite partie qui, réunie, complétée, nourrira notre mémoire collective et nous permettra encore d’apprendre davantage…
Ne dit-on pas à Ghazaouet que « l’oreille ne vieillit pas » (el ouadane matchrafche)…Donc si la vue diminue, si nous n’arrivons plus à lire de près, au moins écoutons !
Que vous les écriviez en phonétique , en langage ghazaoui ou traduites fidèlement, envoyez-ces amtale chaabïa, ces akoual, kaoule, ces phrases que l’entend à tout bout de champ, qui tombent serrées, saccadées, comme des bulles images et qui donnent à penser, à réfléchir.
A vos plumes ! à vos claviers ! Rapportez ce qu’ont dit nass ezemane pour comprendre le présent en admirant ces orateurs capables de cisailler un discours juste par le pouvoir d’une phrase. Des paroles d’or qui font fondre le métal et encourager les hommes et les femmes, laisser les esprits en pleine méditation…et aussi injecter de l’humour local t proverbial dans des discours parfois bruts et empreints de colère. C’est une bouchée de miel, un sucre, une confiserie dans ou sur un gâteau, pour ne pas dire la cerise sur le gâteau !
Et si ces proverbes locaux arrivaient nombreux, nous les organiserons en les réunissant sous des titres, comme cela la recherche et la lecture n’en seront que plus utiles.
En avant koulou ma kalou el koudama ! et que « koul tair yalgha bi elghahe ! »( que chaque oiseau chante son air, son refrain !). par khaled Sidhoum
Quelques dictons du crû :
El aouide ellli tahagrou, yaamike . (le petit arbuste , bâton que tu négliges , peut t'ôter la vue !).
Koule khnifass anda emouhe oghzale..(chaque insecte , aux yeux de sa maman, il est gazelle ! ) .
Ana entamtame ouanta tefhame (moi je murmure et toi tu me comprends) .
Guazzar ouayataacha bi aourak el left.( il est boucher et il dîne avec des feuilles de navet !)
Achanâa khaire ma erkoub el khaïle (la réputation, la nototiété vaut mieux que monter à cheval !).
Ala tarf alssani oua la tanssani (rien qu'un petit bout de la langue et surtout ne m'oublie pas, c'est à dire, pense à moi !)
Kir kima jarak oula haoule bab darake ...(fais comme ton voisin ou change la direction, le sens de ta porte !).
Essaltane bi ettaje oua yahtaje...(le roi même avec sa couronne et il a besoin des autres!).
Ennïa toghlabe el hila... (la naïveté - la bonne foi- sort victorieuse de la malice).
Fout ala eloued edderdouri ou mach ala el oued essekouti...(passe près de , - traverse -la rivière torrentielle et ne te fie pas à la rivière tranquille et silencieuse!).
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